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Chapitre 3 : Les groupes et leur fonctionnement

Aborder le sujet du phénomène des « sectes » ou des « nouveaux mouvements religieux » place l'interlocuteur dans une position difficile : Quel sens donner à ces notions sans apposer l'étiquette stigmatisante de « bon », de « mauvais » voire de « manipulateur » ou de « violent » sur ces groupes. Afin d'éviter cette controverse, nous proposons dans ce texte de retourner à l'essentiel de ce phénomène. Comme les sectes ou les mouvements religieux sont avant tout des groupes, au sein desquels est réuni un ensemble variable de personnes qui partagent des valeurs communes, l'étude du phénomène « sectaire » doit donc débuter par la compréhension du fonctionnement des groupes.

Dans le quotidien, les groupesfn 21 peuvent être des lieux de participation sociale, de réconfort, d'échanges, mais aussi des lieux d'exclusion et de brutalité psychologique. Cette affirmation nous amène à nous interroger sur certains éléments qui influencent le fonctionnement du groupe et l'expérience individuelle des membres de façon telle que dans certains cas l'expérience est harmonieuse et dans d'autres cas elle est problématique. Afin de répondre à cette question le chapitre trois se veut une introduction aux connaissances générales sur le fonctionnement des groupes et ses effets sur l'expérience individuelle des membres.

Ce chapitre aborde deux fonctionnements distincts : interne et externe. L'expression « fonctionnement interne » est utilisée pour décrire la dynamique interne soit : la structure du groupe, le processus de socialisation ainsi que les relations entre les membres. D'autre part, l'expression « fonctionnement externe » est utilisée pour décrire les relations existantes entre le groupe et les autres organisations qu'il côtoie.

Fonctionnement interne

Afin de comprendre la structure d'un groupe et ses effets sur les membres, les notions de normes, de rôles sociaux, de communication, de relation intragroupe sont abordées dans cette section.

Les normes

Au quotidien, que ce soit à l'école, au travail ou dans les loisirs, l'individu respecte généralement diverses normes, règles ou lois afin de s'adapter au fonctionnement du milieu ou des groupes qu'il fréquente. Mais comment définir la notion de normes ? Comment les normes groupales influencent-elles la vie quotidienne des membres ? Dans les paragraphes suivants des réponses à ces questions sont apportées.

Définition d'une normefn 22

Les normes sont des règles ou des modèles de comportements qui sont créés et acceptés par les personnes d'une même culture, d'un même groupe.

Les normes sont le reflet des valeurs d'un groupe. Elles peuvent par exemple :

· Définir la nature des relations interpersonnelles valorisées entre les membres ou avec les non-membres ;

· Identifier les compétences requises par chaque personne pour accomplir une tâche dans le groupe ;

· Identifier les comportements acceptables et inacceptables dans ce groupe.

Pour connaître les normes en vigueur dans un groupe, il faut se questionner sur les valeurs importantes ainsi que sur les conduites et les pratiques valorisées par les membres de celui-ci.

L'observation du système de punitions et de récompenses peut être un bon indicateur des règles sociales privilégiées dans un groupe particulier.

Le rôle des normes dans un groupefn 23

· Elles aident le groupe à atteindre ses objectifs. Comme les membres partagent les mêmes règles de conduite, les normes dictent les responsabilités ainsi que les obligations de chacun. Cette coordination des choix, des décisions et des comportements permet un fonctionnement généralement plus harmonieux entre chacun des membres ;

· Elles facilitent les relations entre les membres et la cohésion interne du groupe. Les normes indiquent aux membres l'attitude à adopter dans plusieurs circonstances. Elles peuvent par exemple aider les membres à régler un conflit, en leur donnant des pistes de résolution de problèmes ou de mésententes. Ainsi, les incompréhensions relationnelles sont atténuées et l'harmonie entre les membres est préservéefn 24;

· Les normes permettent aux membres de mieux comprendre leur expérience. Comme les normes suggèrent ou indiquent les attitudes et/ou les comportements acceptables et inacceptables ainsi que les rôles et les fonctions de chacun des membres, elles permettent à ceux-ci de mieux comprendre les comportements de leurs camarades. Par conséquent, les normes permettent aux membres d'identifier ceux qui ne respectent pas les règles en vigueurs dans le groupe.

L'influence des normes d'un groupe sur l'individufn 25

Dans la vie quotidienne, chaque individu développe une façon unique et personnelle de juger les situations, les personnes, etc. Le jugement d'une personne peut être influencé par sa participation à la vie d'un groupe ainsi que par l'intériorisation des règles en vigueur dans celui-cifn 26 .

L'influence que peut avoir un groupe sur les perceptions ou les représentations de la réalité d'un membre n'est pas a priori bonne ou mauvaise. Il est toutefois important de comprendre que le fait de devenir membre d'un groupe et de se familiariser avec les règles ou les pratiques de ce dernier modifie, de façon variable, le regard que la personne porte sur le monde qui l'entoure. L'ascendant d'un groupe sur un individu membre peut toutefois varier d'une personne à une autre et d'un groupe à un autre.

Dans les paragraphes qui suivent une description de différents processus d'influence qui peuvent être observés dans un groupe est présentée.

L'adaptation au groupe : de la socialisation au conformisme

Une personne qui devient membre d'un groupe doit nécessairement s'adapter à la vie de ce dernier, elle doit apprendre les valeurs, les normes et les croyancesfn 27 . L'un des processus par lequel une personne modèle ses comportements sur celui des autres membres d'un groupe se nomme la socialisationfn 28.

La coordination des comportements des membres d'un groupe les uns sur les autres peut amener une diminution des désaccords ainsi que des conflits entre les membres. Cela crée un sentiment d'unité, de cohésion et de franches camaraderies entre les membres.

Lorsque les membres adoptent des valeurs, des pratiques, des comportements similaires, les uns aux autres, quatre changements peuvent se produire dans le groupe fn 29 :

· Le sentiment d'unité : les relations entre les membres du groupe deviennent plus harmonieuses et un sentiment d'appartenance au groupe se développe. Les membres s'identifient maintenant avec fierté au groupe et à ses participants;

· La stabilité : lorsque les conflits sont résolus et que l'harmonie est maintenue, le nombre de membres se stabilise ;

· La satisfaction : la cohésion du groupe et la satisfaction des membres à participer à la vie d'un groupe sont étroitement associées. Ainsi, plus le sentiment d'appartenance au groupe est intense, plus les membres se sentent heureux d'y vivre. Ils se sentent privilégiés d'être reconnus comme participants à la vie de ce groupe particulier ;

· La dynamique interne : les groupes qui présentent une cohésion interne forte peuvent avoir une plus grande influence sur les membres. Lorsque la cohésion interne est élevée, les membres acceptent plus facilement les buts, les objectifs et les normes imposés par un leader ou par l'ensemble des autres participants au groupe.

Bien que la cohésion des membres d'un groupe ait des conséquences positives sur la vie de ce dernier, son intensité peut parfois comporter certains désavantages. Certains membres du groupe peuvent devenir intransigeants face aux comportements des déviants. Ainsi, le moindre comportement qui ne respecte pas la norme peut être sanctionnfn 30.

Les membres qui désobéissent à la norme du groupe tendent à être moins appréciés par les autres membres. Les personnes déviantes qui introduisent la discorde dans le groupe s'exposent parfois fn 31 :

· Aux réactions hostiles ;

· À être isolées des autres membres ;

· À être identifiées comme bouc émissaire ;

· À être tenues responsable des malheurs du groupe ;

· À être rejetées du groupe.

La normalisation peut donc avoir un effet positif sur le groupe, son fonctionnement et les relations entre les membres. Elle peut augmenter la productivité du groupefn 32. Elle peut toutefois influencer l'isolement et le rejet des membres déviants.

Le conformismefn 33

Lorsqu'une personne s'intègre à la vie en groupe, elle doit souvent adopter les valeurs, les normes et comportements valorisés pour être acceptée. Lorsque la personne modèle son comportement à celui des autres membres du groupe on peut décrire cette personne de conformiste.

Le conformisme est différent de la socialisation. Au lieu de s'adapter à la vie du groupe tout en conservant son autonomie, la personne accepte l'ensemble des exigences du groupe, elle modifie son comportement pour le copier sur celui des autres membres afin d'être acceptée par ces derniers.

Le conformisme peut être décrit comme un processus de soumission à la majorité qui peut trahir un désir de sécurité, une recherche d'identification par l'appartenance, une stratégie d'évitement du conflit.

Voici trois processus qui peuvent amener une personne à adapter son comportement aux normes du groupefn 34

L'acquiescement ou dire oui pour éviter le conflitfn 35

Dans certains cas, la possibilité de l'émergence de conflits entre les membres ou la possibilité d'être reconnu comme un membre non conformiste influence les membres d'un groupe à acquiescer aux demandes formulées.

Le membre peut ressentir une pression normative qui le pousse à acquiescer aux demandes formulées par des personnes dans le groupe. Dans ce cas, lorsque l'individu ressent le désir de plaire à un groupe ou de se faire des amis, il peut acquiescer aux exigences des membres en échange de leur amitifn 36. Plus une personne est attirée par le groupe ou par certains des participants, plus elle sera prête à accepter de remplir les exigences de ce ou ces derniers, même si ces demandes sont contraires à sa philosophie de vie ou à ses croyances.

Dans ce contexte, le conformisme peut être de courte durée. Un membre peut acquiescer en public aux demandes du groupe et refuser de se conformer aux normes lorsqu'il n'est plus en contact avec les autres membresfn 37.

L'intériorisation

Une personne peut également modifier son comportement si celle-ci croit, par exemple, que le groupe a raison ou qu'il détient « la vérité »fn 38.

La personne qui a intériorisé les opinions, les préférences ou les actions du groupe dans son propre système de valeur, accepte, tant en privé qu'en public, les normes et les demandes du groupe.

L'identification

Le processus d'identification survient lorsque l'individu accepte consciemment ou inconsciemment de céder à la pression du groupe parce qu'il désire acquérir les qualités ou caractéristiques que certains membres possèdentfn 39.

Le non-respect des normes

Malgré l'influence que le groupe peut avoir sur les membres, certains participants peuvent adopter des comportements qui perturbent les activités du groupe. Dans ces circonstances, le groupe est susceptible de réagir face au membre non-conformiste. La personne qui ne se conforme pas aux normes du groupe est susceptible d'être soumise à différentes formes de pressions pour modifier son comportementfn 40.

Sanctionsfn 41

La violation d'une norme provoque toutefois différents types de réaction selon le statut de la norme et le groupe.

Lorsque la personne enfreint une règle nouvelle ou une règle moins importante pour les membres, les réactions et les sanctions des membres peuvent être minimes.

Lorsque la personne enfreint une norme bien établie et importante pour les membres, les réactions du groupe ainsi que les sanctions imposées peuvent être plus importantes.

Pour qu'une transgression à une ou plusieurs normes soit constatée, il faut d'abordfn 42 :

· Qu'une norme existe ;

· Qu'une personne transgresse la norme ;

· Que cette personne soit reconnue dans le groupe comme non-conformistefn 43.

Une personne peut enfreindre une norme sans toutefois provoquer une réaction et être punie si :

· Aucun témoin ne constate cette infraction ;

· Le comportement déviant de la personne est reconnu comme involontaire ou non intentionnelfn 44.

Par conséquent, les sanctions imposées aux personnes reconnues comme non-conformistes varient en fonction de la nature de l'acte déviant commis.

La gravité des infractions reprochées aux membres peut également influencer les sanctions qui leurs sont imposées. Plus la gravité du geste posé par un membre est considérée comme importante par les autres membres du groupe, plus les sanctions risquent d'être sérieusesfn 45

Une personne qui viole les règles de son groupe peut être perçue comme malveillante, méchante et menaçante pour l'équilibre du groupe. Dans ce cas, les autres membres du groupe peuvent présenter une réaction négative voire hostile envers la personne. Le membre déviant pourra être ignoré pendant un temps voire isolé ou insulté et parfois même expulsé du groupefn 46.

Il faut noter que les réactions ou les sanctions des membres varient d'un groupe à un autre.

L'importance des membres déviants ou non-conformistes

Le déviant joue un rôle particulier dans le groupe puisqu'il devient un symbole. Il est la représentation des comportements ou des idées qui sont déconseillés ou interdits dans le groupe. Ainsi, il peut être utilisé comme exemple de ce qu'il ne faut pas faire.

Les rôles dans un groupe

Un rôle consiste à un ensemble de comportements, de conduites ou de fonctions attendus d'une personne à l'intérieur d'un groupefn 47.

Les rôles sont variés et permettent une différenciation des activités et des tâches pour chacun des membres. Certains auront donc, par exemple, des tâches administratives, de direction, de publicité ou de simple travailleur.

Chaque rôle nécessite de la part des membres des habiletés particulières. La notion de rôle implique donc une spécialisation des tâches à l'intérieur du groupe. Ainsi, certains membres de groupe ne pourront jamais remplir certains rôles parce qu'ils sont reconnus comme ne possédant pas les habiletés nécessaires pour accomplir cette tâche spécifique. Dans certains groupes, par exemple, le rôle des femmes peut se limiter à l'éducation des enfants ou celui des hommes au rôle de pourvoyeur.

Le statut

Pour comprendre le fonctionnement d'un groupe, il faut également prendre en considération le statut accordé à chacun des rôles dans le groupe.

Chaque rôle dans le groupe peut permettre l'accès à une position sociale différente. Le pouvoir et le prestige varient selon l'importance du rôle occupé. Par exemple, dans un grand restaurant, les rôles de chef cuisinier et de serveur ne donnent pas accès aux mêmes pouvoirs, aux mêmes privilèges et aux mêmes responsabilités. Ainsi, la situation sociale d'un enfant, d'une femme ou d'un homme dans un groupe peut varier en fonction des rôles auxquels ils ont accèsfn 48.

Évaluer le pouvoir des individus dans le groupe

Une personne peut avoir du pouvoir dans le groupe lorsqu'elle présente une ou plusieurs des caractéristiques suivantesfn 49

· Décerne des récompenses ou des sanctions aux membres déviants;

· Possèdent les connaissances valorisées dans le groupe ;

· Possèdent une habileté convoitée par le groupe ;

· A accès à de l'information privilégiée ;

· A un comportement exemplaire ;

· Est perçue comme un bon conseiller dans le groupe ;

· Influence les autres membres dans leurs choix, leurs décisions et leurs comportements.

Les membres et leur personnalité

Bien que plusieurs membres occupent des rôles similaires dans un groupe, chacun a une personnalité différente. Cette variabilité des styles de personnalité influence nécessairement le fonctionnement du groupefn 50. Certains membres peuvent ;

· Présenter une attitude ou un comportement actif ou passif dans le groupe : les membres ne présentent pas tous le même niveau d'implication dans le groupe. Certains sont actifs et formulent leurs opinions dans le groupe tandis que d'autres membres sont plus timides et interviennent moins dans les discussions. Chacun des membres d'un groupe peut donc se situer n'importe où entre ces deux pôles (actif et passif) ;

· Avoir une attitude positive ou négative dans le groupe : les membres d'un groupe ne sont pas tous également aimables et sociables. Certains membres paraissent aimables et chaleureux, d'autres indifférents ou froids. Certains sont, par exemple, en désaccord constant avec les autres membres tandis que d'autres sont plus amicaux et ouverts à différentes propositions. La sociabilité peut donc être très différente d'un membre à un autre dans un groupe ;

· Présenter une attitude ou une personnalité qui permet la progression ou la stagnation du groupe. Les membres d'un groupe peuvent présenter différents types d'investissement dans les activités du groupe. Certains prennent au sérieux leur implication dans le groupe tandis que d'autres adoptent une attitude plus centrée sur leurs besoins que sur la réalisation des objectifs communs.

Dans un groupe, il y a donc des membres qui facilitent la réalisation des objectifs du groupefn 51 :

· En raison de leur comportement, ils incitent à la collaboration entre les membres ;

· Cherchent à répondre aux demandes des membres ;

· Coordonnent les actions de chacun ;

· Permettent l'orientation du groupe ou une récapitulation des objectifs du groupe ;

· Stimulent le groupe et le pousse à aller de l'avant.

D'autres membres occupent des rôles qui permettent le maintien de relations sociales positives entre les membresfn 52. Elles :

· Soutiennent et encouragent les autres et formulent des éloges sur le travail ou sur la personnalité des membres ;

· Permettent le maintien de l'harmonie entre les membres en minimisant les désaccords et les tensions ;

· Facilitent la conciliation des opinons et proposent de nouvelles options.

Il y a aussi des personnes qui occupent des rôles qui peuvent être problématiques pour le groupe et la poursuite des buts communsfn 53. Elles :

· Font obstruction à l'accomplissement des objectifs du groupe et elles s'opposent à la progression des choses en rejetant les idées des autres ;

· Rivalisent pour obtenir du prestige ;

· Ne favorisent pas les échanges entre les membres mais encouragent les longs monologues.

Le leadership et le leader

Le leadership peut être défini comme un processus d'influence sociale dans lequel une personne est en mesure de solliciter et d'obtenir la participation de membres d'un groupe à la réalisation d'une tâche communefn 54. La personne qui détient ce pouvoir d'influence se nomme le leader.

Tenir le rôle de leader dans un groupe signifie que cette personne a une autorité et des responsabilités différentes de celles des autres membres. Par conséquent le statut du leader dans le groupe est particulier. Le leader dans le groupe peut par exemple fn 55 :

· Influencer ou contrôler les relations entre les membres ;

· Favoriser l'acceptation rapide de ses idées aux autres ;

· Prendre des décisions au nom du groupe ;

· Sanctionner ou punir les membres qui ne participent pas à l'accomplissement d'une tâche.

Les qualités recherchées ou souhaitées chez un leader varient d'un groupe à un autre. Influencé par les interactions entre les membres, le groupe arrive à un consensus pour reconnaître les qualités valorisées, recherchées ou attendues chez un leader.

· Dans certains groupes, la spécification des comportements ou des attributs souhaités chez un leader est très précise, laissant peu de place à l'expression personnelle. La personne détenant la position de leader doit donc maintenir un niveau d'efficacité suffisant, sinon elle risque d'être destituée de son poste ;

· D'autres groupes peuvent par contre laisser plus de latitude à la personne qui occupe la position de leader. Ce dernier peut modifier les exigences du groupe et colorer ce rôle avec sa personnalité et ses propres habilités.

Lorsque les membres reconnaissent des qualités spéciales, unique au leader, l'influence de ce dernier sur les membres peut s'accroître avec le tempsfn 56. Le leader d'un groupe peut avoir un pouvoir d'influence sur les choix, les décisions et les comportements des membres en raison des pouvoirs mystiques qu'il affirme posséder et qui sont reconnus par les membres. Par exemple, un leader d'un groupe spirituel peut déclarer aux membres posséder une capacité de communiquer avec Dieu. Parce que personne d'autre dans le groupe n'a cette capacité, les membres peuvent accorder une importance démesurée aux idées et aux suggestions que le leader proposefn 57.

Le leader et sa personnalité

Il est difficile de reconnaître des qualités spécifiques au leader. Toutefois, il y a quelques qualités souvent associées aux leaders qui conservent leur rôlefn 58

· La capacité de créer des liens affectifs avec les membres du groupe : un leader efficace a souvent la capacité de crée facilement des liens d'amitié avec les membres du groupe, il tend à favoriser la création de relations interpersonnelles chaleureuses. Il s'assure ainsi d'un meilleur fonctionnement interne du groupe ;

· La capacité d'initiative structurante : le leader tend à être créatif dans sa méthode de gestion du groupe ou des relations entre les membres ;

· L'activation de la production : le leader favorise l'accomplissement des tâches et réussit également à motiver les membres à poursuivre les objectifs communs ;

· La sensibilité interpersonnelle : le leader est ou semble tolérant et sensible aux conflits qui émergent dans le groupe.

Outre, les caractéristiques de personnalité particulières, le succès d'un leader peut également dépendre de sa capacité à faciliter la réalisation des objectifs du groupefn 59. Pour centrer l'attention des membres sur l'atteinte des objectifs, le leader peut stimuler ses membres en identifiant un ennemi commun aux membres du groupe. Ainsi, ils peuvent développer un sentiment d'appartenance à leur organisation et s'unir pour vaincre le groupe adverse.

Le rôle de leader varie donc d'un groupe à un autre. Pour connaître l'étendue du pouvoir de ce dernier dans un groupe il faut observer, entre autres, la capacité du leader de prendre des décisions pour l'ensemble du groupe ainsi que son pouvoir de sanction sur les autres membres.

La communication dans les groupes

Dans un groupe, chacun des membres se familiarise avec le langage utilisé et comprend les références culturelles employées par les autres. Les participants aux groupes ont en majorité des repères de sens communs. Ainsi, lorsqu'un membre parle à un autre, ils se comprennentfn 60

Par exemple, deux Québécois discutent :

Nicole dit à Julie : « Tu as un chandail écœurant ! »

Julie comprend que Nicole trouve le vêtement vraiment joli. Même si le terme «écœurant» est défini selon le dictionnaire comme «repoussant», le langage populaire québécois l'accepte dans ce contexte comme «fantastique» ou «joli».

Deux membres de groupes différents pourront éprouver certaines difficultés à se comprendre même s'ils parlent la même langue parce que le sens attribué à des mots peut varier d'un groupe à un autre. De plus, les différences culturelles comme les normes et la philosophie de vie peuvent rendre difficiles la communication et la compréhension du langage d'un membre d'un autre groupefn 61.

Le partage d'un langage commun permet aux membres d'un même groupe de comprendre ce que les autres membres disent.

Processus de prise de décision dans un groupe

Vivre en groupe, implique nécessairement la prise de décision en commun. Le processus de prise de décision varie d'un groupe à un autre. Les décisions peuvent être :

· Imposées par l'autorité. Cette approche est rapide et peut également être utile pour résoudre des questions de routine. Toutefois, lorsqu'elle est utilisée de façon abusive, les membres peuvent progressivement se sentir manipulés par les dirigeants du groupe. Le fait de ne pas consulter les autres membres peut diminuer l'efficacité du groupe et la motivation des membres ;

· Prises par l'autorité dans le groupe, mais après discussions avec les membres. Cette solution permet de prendre en considération le point de vue de plusieurs membres avant de décider de la solution la plus appropriée ;

· Prises par une personne identifiée comme un spécialiste. Cette méthode de fonctionnement peut être efficace lorsque cette personne possède un jugement qui satisfait les autres membres du groupe. Toutefois, le choix même du spécialiste peut être une source de conflit et favoriser la controverse. Les décisions d'un spécialiste peuvent être contestées et non appliquées ;

· Prises par la majorité des membres du groupe. Ce processus peut satisfaire les membres, toutefois cette méthode peut créer des conflits avec la minorité du groupe qui est en désaccord avec les décisions prises ;

· Formulées par une minorité de personnes dans le groupe. Ce processus est efficace lorsque les décisions prises sont sans importance, mais il peut être une source de conflits si les décisions ont une influence directe sur le quotidien de la majorité;

· Adoptées à la suite d'un consensus des membres. La participation de l'ensemble des membres du groupe peut augmenter la qualité et la popularité des décisions prises. Toutefois, comme ce processus peut prendre beaucoup de temps, la productivité du groupe peut être amoindrie. De plus, des tensions entre les membres peuvent réduire les chances de trouver des solutions aux difficultés rencontrées au cours du processus de prise de décision.

Ainsi, la façon dont les décisions sont prises dans le groupe est importante puisqu'elle peut être une source de conflit ou d'harmonie entre les membres d'un groupe.

Les erreurs de prise de décision

Les erreurs dans la prise de décision au sein du groupe peuvent être provoquées par la forte cohésion des membres entre eux. L'effet de la cohésion sur le processus de prise de décision est appelé l'effet « Janis »fn 62, du nom de l'auteur qui a expliqué ce phénomène.

L'effet «Janis» s'observe lorsque le groupe vise à établir un consensus sur la solution perçue comme la plus acceptable. Ainsi, pour sauvegarder la cohésion du groupe et éviter les discussions susceptibles de favoriser les conflits, les membres d'un groupe préfèrent adopter une solution qui semble simpliste mais consensuelle qu'une solution complexe engendrant un conflit.

Dans certains groupes, le maintien du climat de complicité que les membres cherchent à instaurer est tellement important que les participants évitent de prendre des initiatives ou de suggérer des contre hypothèses afin d'éviter l'émergence de conflits. La solution initiale, même si elle ne semble pas adéquate est souvent retenue. Dans cette situation, le groupe est aveuglé par l'esprit de corps qui tend à étouffer toute pensée critique ou indépendante. À cela s'ajoutent des conditions particulières à la prise de décision qui favorisent l'émergence de l'effet «Janis» :

· Le groupe n'explore pas d'autres solutions ;

· Le groupe ne considère pas tous les objectifs de la tâche à accomplir ou ne détermine pas les objectifs qui doivent être atteints ;

· Les coûts et les conséquences de la décision ne sont pas explorés. Des affirmations sont rapidement faites sans preuve sur ce qui est ou n'est pas adéquat ou efficace ;

· La recherche d'information est superficielle. Les membres oublient ou ne se préoccupent pas des éléments incohérents avec leurs décisions, ils ne s'intéressent qu'aux éléments en accord avec leur vision commune ;

· Le groupe ne s'intéresse pas aux difficultés qui pourraient être rencontrées lors de l'implantation du programme ou du projet. Le groupe minimise voire élimine toutes les idées concernant les difficultés qui seront rencontrées en prétextant que de telles situations sont très rares.

Deux symptômes principaux sont présents lorsque le processus de prise de décision est problématique :

· Une illusion collective de moralité, de rationalité, d'unanimité ou d'invariabilité du groupe amène celui-ci à croire que le rôle qu'il accomplit est tellement moral que les membres croient qu'ils ne commettront pas d'erreurs ;

· La censure collective est en vigueur et appliquée à soi-même et aux autres. Ainsi, personne n'exprime sa pensée afin de ne pas briser l'harmonie du groupe.

Les raisons pour devenir membre d'un groupe

L'être humain cherche à comprendre les expériences qu'il vitfn 63. Dans cette recherche de signification, les croyances enseignées ou la vision du monde partagée par le groupe peuvent apporter à une personne les réponses qu'elle recherche ou donner un sens nouveau à son quotidienfn 64

En situation de crise, devenir membre d'un groupe permet à la personne de diminuer la tension ou le stress qu'elle ressent. Les personnes qui sont confrontées à des événements perturbateurs comme la mort d'un proche ou une rupture amoureuse ressentent souvent de la tension. Le fait toutefois de se joindre à un groupe peut permettre de mieux comprendre ces événements et de diminuer la tension et la tristesse ressenties. Devenir membre d'un groupe spirituel qui croit à l'existence d'une vie après la mort peut être une solution pour la personne qui souffrefn 65

Le groupe donne un cadre de référence à la personne, ce qui lui permet d'interpréter différemment les problèmes qu'elle rencontre. À la suite de l'intégration dans sa vie de la doctrine ou de la philosophie d'un groupe, les épreuves peuvent ne plus être perçues comme insurmontables, elles ont une signification nouvelle.

Dans une situation de crise, une personne peut, dans certains cas, gérer plus facilement les émotions qu'elle ressent parce que le groupe lui offre des explications plausibles à ses problèmes et à ses souffrances. Ainsi, le groupe répond aux besoins de la personne et en échange la personne poursuit avec les autres membres les objectifs du groupefn 66.

Même si une personne ne peut, par exemple, ramener à la vie son enfant décédé, les croyances transmises par le groupe lui permettent d'interpréter différemment cet événement. Dans cette situation, la mort perçue comme injuste prend une signification différente. La mort inacceptable est maintenant un fait un peu moins pénible et dans certains cas tolérablefn 67.

L'appartenance à un groupe permet à certaines personnes de s'adapter de façon plus harmonieuse aux problèmes de la vie courante. La perte d'un emploi, par exemple, n'est plus perçue comme une catastrophe mais comme une épreuve qui permet à la personne d'acquérir de nouvelles compétences.

S'intégrer à la vie d'un groupe permet à certaines personnes de mieux s'adapter par exemple au vieillissement, à la mort, au stress, à l'effort physique et psychologiquefn 68. L'engagement dans un groupe peut permettre aussi à certaines personnes de cesser de consommer des drogues ou de l'alcoolfn 69

Devenir membre pour satisfaire un besoin

Un groupe de personnes peut également s'unir autour de certaines croyances afin de combler des privations ressentiesfn 70. Les privations qui peuvent être ressenties avant la participation à un groupe sont :

· Les privations organiques ou physiques. Une personne qui souffre d'une maladie ou qui côtoie des gens atteints de maux physiques peut rechercher de l'aide auprès d'un groupe. L'appartenance au groupe peut combler ces types de privation en offrant une promesse de guérison ou un mode de vie plus sain ;

· Les privations économiques ou matérielles. Une personne peut éprouver des difficultés financières ou elle peut ressentir des besoins matériels. Le groupe peut offrir à la personne de partager avec elle ses ressources ce qui permet de combler les différents manques économiques ressentis ;

· Les privations sociales ou communautaires. Lorsqu'une personne perçoit que ses relations avec les autres sont insatisfaisantes. Le groupe lui offre donc la possibilité d'engager des relations interpersonnelles positives, notamment en participant activement à la vie de la communauté ;

· Les privations d'ordre moral. Une personne peut ressentir une désorganisation au niveau de ses valeurs, elle peut se sentir en opposition aux valeurs socialement acceptées. Le groupe dans lequel elle s'implique peut lui offrir un autre code moral répondant au manque qu'elle ressent ;

· Les privations d'ordre psychique. Une personne qui ressent des insatisfactions concernant sa vie ou son rôle dans la société peut être angoissée, à la recherche d'un sens à son existence ou encore d'émotions intenses. Le groupe peut, dans ces circonstances, lui offrir un style de vie qui paraît mieux répondre à son angoisse existentielle ou à son sentiment de vide ou d'ennui.

Devenir membre par effet de similarité, de réciprocité ou pour acquérir un statut

Face à la diversité des groupes, quels facteurs influencent une personne à s'associer à un groupe spécifique ? Plusieurs raisons peuvent expliquer l'engagement d'une personne à un groupe, voici quelques-unes des caractéristiques qui peuvent motiver le choix d'une personne :

La similarité

Les gens peuvent se lier avec certains groupes en raison de la similarité qu'ils perçoivent entre eux et le groupe. La ressemblance peut être en lien avec les valeurs, le mode de vie ou l'apparence physiquefn 71.

La réciprocité

Une personne qui se sent valorisée par sa participation à un groupe, qui est complimentée par les membres sur ses compétences, sa personnalité ou son apparence aura tendance à s'associer avec ce dernier plutôt qu'avec un groupe qui critique son mode de vie et sa personnalité. Inversement, un groupe valorisera l'engagement d'un nouveau candidat s'il perçoit que ses compétences seront utiles à la réalisation des objectifs et des projets du groupe.

La position sociale du groupe

La position sociale d'un groupe peut être un facteur qui influence une personne à devenir membre. Une personne peut donc décider de devenir membre d'un groupe parce que ce dernier est reconnu comme prestigieux dans sa communautfn 72. Une personne qui devient membre d'un groupe important devient ainsi, par association, une personne prestigieuse ou importantefn 73. Dans ce sens, la rareté des places disponibles dans un groupe peut influencer les membres à se joindre à ce groupefn 74.

La proximité

Une personne sélectionne souvent un groupe d'appartenance selon les groupes disponibles dans son milieu. Elle ne peut pas devenir membre d'un groupe qui n'existe pas ou qu'elle ne connaît pasfn 75.

Les relations interpersonnelles dans un groupe

Dans cette section, différents types de relations au leader sont abordés.

La relation leader-adepte

La relation avec un bon gouroufn 76

Il est difficile de qualifier le leader d'un groupe de bon ou de mauvais. Tout gourou ou leader peut, dans ses interactions avec les membres d'un groupe, avoir des relations harmonieuses ou problématiques avec certains membres.

Toutefois, certaines caractéristiques peuvent être observées pour qualifier un leader de « bonfn 77 :

· Le leader démontre une bonne connaissance des écritures du groupe ;

· Le leader a été disciple de plusieurs maîtres, il se pose beaucoup de questions sur son cheminement ;

· Le leader vit en conformité avec son enseignement.

Le gourou infantilisant

Ce type de leader a une attitude paternaliste avec ses membres, il est surprotecteur et essaie de garder la relation leader-adepte secrète. Bien que le leader ait l'intention de protéger et de rassurer les membres, il exige en échange une soumission parfois extrême de ses membres. Dans ce type de relation, la croissance spirituelle ou personnelle s'effectue à travers les enseignements et la relation au leader. L'objectif du groupe est de favoriser la croissance spirituelle du leader, afin que les participants accèdent à son savoir.

L'abuseur spirituel

L'abuseur spirituel peut être décrit comme un leader qui utilise les écrits spirituels, bibliques ou autres pour culpabiliser les membres. Ainsi, il traite les problèmes sociaux, psychologiques ou de santé à l'aide de paroles divines ou de prières.

Le gourou escroc

Les gourous escrocs peuvent être décrits comme des leaders qui demandent constamment de l'argent à leurs adeptes. Ces leaders ont un style de vie luxueux tandis que leurs disciples vivent un style de vie ascétique voire une vie sous le seuil de la pauvreté. Ce type de gourous n'accepte souvent pas les questions de la part des membres, ils n'ont qu'à écouter sa parole et qu'à donner de l'argent pour maintenir le style de vie du leader.

La relation d'interdépendance

Pour certainsfn 78

· Le leader ressent un désir d'élection. Le leader se sent investi d'une mission et se perçoit comme un guide. Il souhaite conduire ceux qui le désirent vers le salutfn 79. Le leader voit son besoin d'être élu comblé par le fait que des membres s'associent à lui et lui manifestent une grande ferveur ;

· Le membre, quant à lui, éprouve le désir d'être reconnu comme un être différent de l'ensemble de la population en raison de son adhésion au groupefn 80. Il ressent le besoin de s'associer à un être qu'il voit grand afin de poursuivre la quête d'un idéal. Le leader répond à ce besoinfn 81.

Cette complémentarité de leurs besoins et de leurs désirs respectifs peut unir puissamment leader et adepte. Le leader et l'adepte peuvent donc, avec le temps, devenir dépendants l'un de l'autre.

Dans certaines relations, le membre dépend de plus en plus du leader. Son association au groupe peut occuper l'ensemble des sphères de sa vie. La personne peut en arriver à perdre sa capacité de discernement et à être entièrement assujettie au leader.

La dépendance au leader devient problématique lorsque autant les membres que le leader ne peuvent plus imaginer vivre l'un sans l'autrefn 82. Ainsi, dans certains cas, le leader sent qu'il se doit de préserver la ferveur chez ses membres. Pour préserver le lien, l'adepte peut se sentir contraint de répondre à toutes les demandes du leader. C'est dans ce contexte d'interdépendance extrême que l'exécution d'actes criminels peut être envisagée par les membres du groupefn 83.

Les relations groupales : les effets possibles sur les membres fn 84

Dans les sections suivantes, certains effets problématiques de la vie en groupe sont décrits.

Le sentiment de dépersonnalisation

Le membre peut éprouver un sentiment de perte d'identité. La personne a l'impression qu'elle est anonyme dans le groupe. Les autres membres ne la connaissent pas pour ce qu'elle est mais pour ce qu'ils attendent d'elle.

Le sentiment de menace

Dans son cheminement dans le groupe, le membre peut, à certains moments, avoir le sentiment d'être jugé par les autres membres, que ce soit sur son comportement, son attitude ou ses choix. Devant ce sentiment le membre peut par exemple :

· Se conformer ;

· Se révolter ;

· Quitter le groupe.

Le sentiment de dépendance

Les individus qui participent à la vie d'un groupe tendent à tisser des liens, à se conformer aux demandes des uns et des autres. Ils ont aussi tendance à intérioriser des règles et des images communes et se sentent appartenir à une communauté. Cette dépendance peut osciller entre la coopération et la fusion. À la limite, la personne peut ressentir une peur de perdre l'amour et le soutien des membres du groupe. Dans cette situation, une personne peut donc acquiescer aux moindres demandes du groupe afin de ne pas être rejetée par les participants.

L'illusion groupale

Elle s'exprime à travers des propositions du genre : «nous sommes bien ensemble, nous constitutions un bon groupe et nous avons un bon cheffn 85, Cette illusion a pour fonction de remplacer l'identité de l'individu par une identité de groupe afin que les individus soient tous identiques. Cet esprit de corps a pour effet de favoriser des relations étroites entre les membres. Ils se sentent tous importants même si, à la limite, ils sont tous identiques. Cet état est souvent accompagné par un sentiment d'euphorie. Deux conditions sont nécessaires pour qu'il y ait la formation d'une illusion groupale :

· La désignation d'un bouc émissaire qui permet au groupe de déplacer l'agressivité interne sur une instance externe et ainsi vivre une vie de groupe sans conflit. Dans cette situation, le groupe peut reconnaître qu'un groupe ou qu'une personne non-membre soit la représentation du mal, tandis que le groupe et ses membres sont la représentation du bien ;

· La présence de l'idéologie égalitariste qui favorise le nivellement des différences individuelles.

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